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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

que la destruction de cette belle flotte. Au lieu de les mener dans cet archipel des Moluques dont il leur avait vanté l’opulence, il voulait les entraîner dans des régions glacées, séjour de neiges éternelles, où il saurait bien s’arranger pour les faire périr ; puis, avec l’aide des Portugais embarqués sur l’escadre, il ramènerait dans sa patrie les vaisseaux dont il se serait emparé.

Tels étaient les bruits, les accusations que semaient parmi des matelots les affidés de Juan de Carthagena, de Luis de Mendoza et de Gaspar de Quesada, lorsque, le dimanche des Rameaux, 1er avril 1520, Magellan convoqua les capitaines, officiers et pilotes, pour entendre la messe à son bord et dîner ensuite avec lui. Alvaro de La Mesquita, cousin du capitaine général, se rendit à cette invitation avec Antonio de Coca et ses officiers ; mais ni Mendoza, ni Quesada et à plus forte raison Juan de Carthagena, prisonnier de ce dernier, n’y parurent. La nuit suivante, ils montèrent avec trente hommes de la Conception sur le Sant’-Antonio et voulurent se faire livrer la Mesquita. Le pilote Juan de Eliorraga, en défendant, son capitaine, reçut quatre coups de poignard dans le bras. Quesada s’écriait en même temps : « Vous allez voir que ce fou va nous faire manquer notre affaire. » Les trois vaisseaux Conception, Sant’-Antonio et Santiago tombèrent sans difficulté entre les mains des rebelles, qui comptaient plus d’un complice dans les équipages. Malgré ce succès, les trois capitaines n’osèrent s’attaquer ouvertement au commandant en chef et lui envoyèrent porter des pro-