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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

étaient extrêmement crédules et bons. Aussi Pigafetta dit-il qu’on aurait facilement pu les convertir au christianisme, car ils assistèrent en silence et avec recueillement à la messe qui fut dite à terre, remarque déjà faite par Alvarès Cabral.

Après être restée treize jours dans cet endroit, l’escadre continua sa route au sud en longeant la terre et arriva, par 34° 40’ de latitude australe, dans un pays où coulait une grande rivière d’eau douce. C’était la Plata. Les indigènes, appelés Charruas, éprouvèrent une telle frayeur à la vue des bâtiments, qu’ils se réfugièrent précipitamment dans l’intérieur du pays avec ce qu’ils avaient de plus précieux et qu’il fut impossible de rejoindre aucun d’eux. C’est dans cette contrée que, quatre ans auparavant, Juan Diaz de Solis avait été massacré par une tribu de Charruas, armés de cet engin terrible dont se servent encore aujourd’hui les gauchos de la République Argentine, ces bolas, qui sont des boules de métal attachées aux deux extrémités d’une longue lanière de cuir appelée lasso.

Un peu au-dessous de l’estuaire de la Plata, autrefois considéré comme un bras de mer débouchant dans le Pacifique, la flottille relâcha au port Désiré. On y fit, pour les équipages des cinq vaisseaux, ample provision de pingouins, volatiles qui ne constituaient pas un manger des plus succulents. Puis, on s’arrêta, par 49° 30’, dans un beau port où Magellan résolut d’hiverner et qui reçut le nom de baie Saint-Julien.

Depuis deux mois, les Espagnols se trouvaient en