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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

alors en Espagne les préparatifs de l’expédition, et il obtint de prendre part au voyage. Ce volontaire fut d’ailleurs une excellente recrue, car il se montra dans toutes les circonstances aussi fidèle et intelligent observateur que brave et courageux compagnon. Il fut blessé au combat de Zébu à côté de Magellan, ce qui l’empêcha même d’assister au banquet pendant lequel un si grand nombre de ses compagnons devaient trouver la mort. Quant à son récit, à part quelques exagérations de détail dans le goût du temps, il est exact, et la plupart des descriptions que nous lui devons ont été vérifiées par les voyageurs et les savants modernes, notamment par M. Alcide d’Orbigny.

Dès son retour à San-Lucar le 6 septembre 1522, le Lombard, ainsi qu’on l’appelait à bord de la Victoria, après avoir accompli le vœu qu’il avait fait d’aller remercier pieds nus « Nuesta Señora de la Victoria, » présenta à Charles-Quint, alors à Valladolid, le journal complet du voyage. À son retour en Italie, au moyen de l’original ainsi que de notes complémentaires et à la requête du pape Clément VII et du grand maître de l’ordre de Malte, Villiers de l’Isle-Adam, il écrivit un récit plus étendu de l’expédition, dont il adressa plusieurs copies à quelques grands personnages et notamment à Louise de Savoie, mère de François Ier. Mais cette dernière, ne pouvant comprendre, pense M. Harrisse, le très-érudit auteur de la Bibliotheca americana vetustissima, l’espèce de patois employé par Pigafetta et qui ressemblait à un mélange d’italien, de vénitien et d’espagnol, requit