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PREMIER VOYAGE AUTOUR DU MONDE

misérablement, et trois ordonnances des 30 mars, 6 et 30 avril vinrent fixer la composition des équipages et nommer l’état-major ; enfin une dernière cédule, datée de Barcelone, le 26 juillet 1519, confiait le commandement unique de l’expédition à Magellan.

Que s’était-il passé avec Ruy Faleiro ? nous ne saurions le dire exactement. Mais ce dernier, qui jusqu’alors avait été traité sur le même pied que Magellan, qui avait peut-être conçu le projet, se vit tout à fait exclu du commandement de l’expédition, à la suite de dissentiments dont on ne connaît pas la cause. Sa santé, déjà ébranlée, reçut un dernier coup de cet affront, et le pauvre Ruy Faleiro, devenu presque fou, étant retourné en Portugal pour voir sa famille, y fut arrêté et ne put être relâché que grâce à l’intercession de Charles-Quint.

Enfin, après avoir prêté lui-même foi et hommage à la couronne de Castille, Magellan reçut à son tour le serment de ses officiers et matelots et quitta le port de San-Lucar de Barrameda, le matin du 10 août 1519.

Mais, avant d’entamer le récit de cette mémorable campagne, il nous faut donner quelques détails sur celui qui nous en a conservé la relation la plus complète, sur François-Antoine Pigafetta ou Jérôme Pigaphète, ainsi qu’il est souvent appelé en France. Né à Vicence vers 1491 d’une famille noble, Pigafetta faisait partie de la suite de l’ambassadeur Francesco Chiericalco, que Léon X envoya à Charles-Quint alors à Barcelone. Son attention fut sans doute éveillée par le bruit que faisaient