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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

son influence pour faire réussir l’entreprise. Il vit, en effet, le grand chancelier, le cardinal et l’évêque de Burgos, Fonseca. Il sut exposer avec tant d’habileté le bénéfice considérable, pour l’Espagne, de la découverte d’une route conduisant au centre même de production des épices, et le préjudice immense qui en résulterait pour le commerce du Portugal, qu’une convention fut signée le 22 mars 1518. L’empereur s’engageait à faire tous les frais de l’armement, à condition que la plus grande partie des bénéfices lui reviendrait.

Mais Magellan avait encore bien des obstacles à surmonter avant de prendre la mer. Ce furent, d’abord, les remontrances de l’ambassadeur portugais, Alvaro da Costa, qui essaya même, voyant l’inutilité de ses tentatives, de faire assassiner Magellan, au dire de Faria y Sousa. Puis, il se heurta au mauvais vouloir des employés de la Casa de contratacion de Séville, jaloux de voir donner à un étranger le commandement d’une expédition si importante, et envieux de la dernière faveur qui venait d’être accordée à Magellan et à Ruy Faleiro, nommés commandeurs de l’ordre de Saint-Jacques. Mais Charles-Quint avait donné son consentement par un acte public qui paraissait devoir être irrévocable. On essaya cependant de le faire revenir sur sa décision, en organisant, le 22 octobre 1518, une émeute soldée par l’or du Portugal. Elle éclata sous le prétexte que Magellan, qui venait de faire tirer à terre un de ses navires pour le réparer et le peindre, l’avait décoré des armes portugaises. Cette dernière tentative échoua