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LES CONQUISTADORES DE L’AMÉRIQUE CENTRALE

qu’une quantité peu considérable de troupes. L’Inca, qui était demeuré entre les mains des Espagnols, crut le moment opportun pour fomenter un soulèvement général, dans lequel il espérait bien que sombrerait la domination étrangère. Bien qu’il fût gardé de fort près, il sut prendre ses mesures avec une telle habileté qu’il n’éveilla point les soupçons des oppresseurs. Il reçut même la permission d’assister à une grande fête qui devait se célébrer à quelques lieues de Cusco, et pour laquelle les personnages les plus considérables de l’empire s’étaient réunis. Aussitôt que l’Inca parut, l’étendard de la révolte fut levé. Des confins de la province de Quito jusqu’au Chili le pays fut bientôt en armes, et nombre de petits détachements espagnols furent surpris et exterminés. Cusco, défendue par les trois frères Pizarre avec cent soixante-dix Espagnols seulement, fut pendant huit mois consécutifs en butte aux attaques incessantes des Péruviens, qui s’étaient exercés au maniement des armes enlevées à leurs adversaires. Les conquérants résistèrent vaillamment, mais éprouvèrent des pertes sensibles et notamment celle de Jean Pizarre. Lorsqu’il apprit ces nouvelles, Almagro quitta précipitamment le Chili, traversa le désert montueux, pierreux et sablonneux d’Atacama, où il souffrit autant de la chaleur et de la sécheresse qu’il avait souffert dans les Andes de la neige et du froid, pénétra sur le territoire péruvien, défit Manco-Capac dans une grande bataille et parvint jusqu’auprès de la ville de Cusco, après avoir chassé les Indiens. Il essaya alors de se faire