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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

puisqu’il n’avait plus à craindre de résistance, un gouvernement régulier. Pour un homme qui jamais n’avait étudié la législation, il avait édicté de sages règlements sur l’administration de la justice, sur la perception des impôts, la répartition des Indiens et le travail des mines. Si le « conquistador » avait quelques côtés dans le caractère qui prêtaient facilement à la critique, il est juste de reconnaître qu’il ne manquait pas d’une certaine élévation d’idées et qu’il avait la conscience du rôle qu’il jouait de fondateur d’un grand empire. C’est cela même qui le fit longtemps hésiter sur le choix de la future capitale des possessions espagnoles. Cusco avait bien pour elle d’avoir été la résidence des Incas ; mais cette ville, située à plus de quatre cents milles de la mer, se trouvait fort loin de Quito, dont l’importance paraissait extrême à Pizarre. Il fut bientôt frappé de la beauté et de la fertilité d’une grande vallée arrosée par un cours d’eau, le Rimac. Il y établit en 1536 le siége de sa puissance. Bientôt, grâce au magnifique palais qu’il s’y fit construire, aux somptueuses demeures de ses principaux officiers, la ville des rois (de los Reyes) ou Lima, comme on l’appelle, par corruption du nom du fleuve qui coule à ses pieds, ne tarda pas à prendre l’aspect d’une grande cité. Pendant que ces soins retenaient Pizarre loin de sa capitale, de petits corps de troupes, envoyés dans diverses directions, s’enfonçaient dans les provinces les plus reculées de l’empire, afin d’anéantir les derniers foyers de résistance, de telle sorte qu’il ne restait à Cusco même