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Les deux frères, munis de passeports qui mettaient à leur disposition hommes et chevaux dans toute l’étendue de l’empire, prirent congé du khan et se mirent en route en 1266. Mais bientôt le baron Cogatal tomba malade. Les Vénitiens, forcés de se séparer de lui, continuèrent leur chemin, et, malgré toute l’aide qu’ils reçurent, ils ne mirent pas moins de trois ans pour atteindre Laïas, port de l’Arménie, connu actuellement sous le nom d’Issus, et qui est situé au fond du golfe Issique. Quittant alors Laïas, ils se rendirent à Acre en 1269. Là, ils apprirent la mort du pape Clément IV, vers lequel ils étaient envoyés. Mais le légat Tebaldo résidait en cette ville. Il reçut les Vénitiens, et, apprenant quelle était la mission dont le grand khan les avait chargés, il les engagea à attendre l’élection du nouveau pape.

Matteo et Nicolo, absents de leur patrie depuis quinze ans, résolurent de retourner à Venise. Ils se rendirent à Négrepont, et s’embarquèrent sur un navire qui les conduisit directement à leur ville natale.

En débarquant, Nicolo Polo apprit et la mort de sa femme et la naissance d’un fils qui lui était né quelques mois après son départ, en 1254. Ce fils se nommait Marco Polo. Pendant deux ans, les deux frères, qui avaient à cœur de remplir leur mission, attendirent à Venise l’élection du nouveau pape. Cette élection ne se faisant pas, ils crurent qu’ils ne pouvaient différer davantage leur retour vers l’empereur mongol ; ils partirent donc pour Acre, emmenant cette fois le jeune