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Une grande caravelle et une barque plus petite qui se rendaient à Mina, sous le commandement de Bartholomeu Dias, devaient voyager de conserve avec la flotte de Gama.

Le samedi suivant, les bâtiments étaient en vue des Canaries et passèrent la nuit au vent de Lancerote. Lorsqu’ils arrivèrent à la hauteur du Rio de Ouro, un brouillard épais sépara Paul da Gama, Coelho et Dias du reste de la flotte. On se rejoignit près des îles du cap Vert, qu’on atteignit bientôt. À Santiago, les provisions de viande, d’eau et de bois furent renouvelées et les bâtiments remis en bon état de navigabilité.

On quitta la plage de Santa-Maria le 3 août. Le voyage s’accomplit sans incidents notables, et, le 4 novembre, on jeta l’ancre à la côte d’Afrique dans une baie qui reçut le nom de Santa-Ellena. On y passa huit jours à faire du bois et à tout remettre en ordre à bord des navires. Ce fut là qu’on vit pour la première fois des Boschis, race misérable et dégradée qui se nourrissait de la chair des loups marins et des baleines en même temps que de racines. Les Portugais s’emparèrent de quelques-uns de ces naturels et les traitèrent amicalement. Les sauvages ne connaissaient le prix d’aucune des marchandises qu’on leur présenta, ils les voyaient pour la première fois et en ignoraient l’usage. La seule chose qu’ils paraissaient priser, c’était le cuivre, et ils portaient aux oreilles de petites chaînes de ce métal. Ils savaient fort bien se servir de zagaies, sortes de javelines dont la pointe est durcie au feu, comme l’éprouvèrent