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HIER ET DEMAIN.

là-bas, elle dort, sa tête charmante enfouie dans les dentelles de l’oreiller.

Mais la voilà qui s’agite… ses lèvres tremblent… Elle rêve sans doute ?… Oui ! elle rêve… Un nom s’échappe de sa bouche : « Francis… mon cher Francis !… »

Son nom, prononcé par cette douce voix, a donné à l’humeur de Francis Benett un tour plus heureux. Ne voulant pas réveiller la jolie dormeuse, il saute rapidement hors du lit et pénètre dans son habilleuse mécanique.

Deux minutes après, sans qu’il eût recours à l’aide d’un valet de chambre, la machine le déposait, lavé, coiffé, chaussé, vêtu et boutonné du haut en bas, sur le seuil de ses bureaux. La tournée quotidienne allait commencer.

Ce fut dans la salle des romanciers-feuilletonnistes que Francis pénétra tout d’abord.

Très vaste, cette salle, surmontée d’une large coupole translucide. Dans un coin, divers appareils téléphoniques par lesquels les cent littérateurs du Earth Herald racontent cent chapitres de cent romans au public enfiévré.

Avisant un des feuilletonnistes qui prenait cinq minutes de repos :

« Très bien, mon cher, lui dit Francis Benett, très bien, votre dernier chapitre ! La scène où la jeune villageoise aborde avec son galant quelques problèmes de philosophie transcendante est d’une très