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LE HUMBUG.

et qui provenait sans doute de la bourre d’une arme à feu, attira mon attention. Tout cela concordait avec ce que m’avait dit le chasseur de castors.

Je ramassai le fragment de papier. Non sans peine, je déchiffrai quelques-uns des mots qui y étaient tracés. C’était un mémoire de fourniture faite à Mr. Augustus Hopkins par un certain Mr. Barckley. Rien n’indiquait la nature des objets fournis, mais de nouveaux fragments, que je trouvais épars çà et là, me firent comprendre de quoi il s’agissait. Si mon désappointement fut grand, je ne pus, en revanche, maîtriser un rire inextinguible. J’étais bien en présence du géant et de son squelette, mais d’un squelette composé de parties fort hétérogènes, qui avaient jadis vécu sous le nom de buffles, de génisses, de bœufs et de vaches dans les plaines du Kentucky. Mr. Barckley était tout simplement un boucher de New-York, qui avait livré d’immenses fournitures d’os au célèbre Mr. Augustus Hopkins ! Ces fossiles-là n’avaient certainement jamais entassé Pelion sur Ossa pour escalader l’Olympe ! Leurs restes ne se trouvaient en ce lieu que par les soins de l’illustre puffiste, qui s’attendait à les découvrir par hasard, en creusant les fondations de palais qui ne devaient jamais exister !

J’en étais là de mes réflexions et de mon hilarité, qui eût été plus sincère si, comme