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HIER ET DEMAIN.

— C’est au mieux, répondit le gendarme. Au revoir, et bonne chance ! »

Les gendarmes s’éloignèrent. Quand ils eurent disparu, M. Bernardon s’arrêta dans un taillis en bordure de la route. En un instant, les liens de Jean Morénas tombèrent.

« Vous êtes libre, lui dit son compagnon en lui montrant la direction de l’Ouest. Suivez la route de ce côté. Avec du courage, vous pouvez être cette nuit à Marseille. Cherchez dans le vieux port la Marie-Magdeleine, un trois-mâts barque chargé pour Valparaiso du Chili. Le capitaine est prévenu. Il vous prendra à son bord. Vous vous nommez Jacques Reynaud. Voici des papiers à ce nom. Vous avez de l’or. Tâchez de vous refaire une vie. Adieu. »

Avant que Jean Morénas ait eu le temps de répondre, M. Bernardon avait disparu sous les arbres. Le fugitif était seul sur le bord de la route.


VIII


Un long moment, Jean Morénas demeura immobile, stupéfait du dénouement de son inexplicable aventure. Pourquoi, après l’avoir aidé dans sa fuite, son protecteur l’abandonnait-il ? Pourquoi, surtout, cet inconnu s’était-il intéressé au sort d’un