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M. RÉ-DIÈZE ET Mlle  MI-BÉMOL.

demi-clarté à cause de la neige qui recouvrait les toits voisins.

Il va sans dire que je n’étais plus d’âge à placer un soulier dans l’âtre, avec l’espoir d’y trouver un cadeau de Noël. Et le souvenir me reprit que c’était là le bon temps, et qu’il ne reviendrait plus. La dernière fois, il y avait trois ou quatre ans, ma chère Mi-bémol avait trouvé une jolie croix d’argent dans sa pantouffle… Ne le dites pas, mais c’est moi qui l’y avais mise !

Puis ces joyeuses choses s’effacèrent de mon esprit. Je songeais à maître Effarane. Je le voyais assis près de moi, sa longue lévite, ses longues jambes, ses longues mains, sa longue figure… J’avais beau fourrer ma tête sous mon traversin, je l’apercevais toujours, je sentais ses doigts courir le long de mon lit…

Bref, après m’être tourné et retourné, je parvins à m’endormir.

Combien de temps dura mon sommeil ? je l’ignore. Mais tout à coup, je fus brusquement réveillé, une main s’était posée sur mon épaule.

« Allons, Ré-dièze ! me dit une voix que je reconnus aussitôt.

C’était la voix de maître Effarane.

— Allons donc, Ré-dièze… il est temps… Veux-tu donc manquer la messe ?

J’entendais sans comprendre.

— Faut-il donc que je te tire du lit, comme on tire le pain du four ?