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M. RÉ-DIÈZE ET Mlle  MI-BÉMOL.

avec ses doigts. J’ai cru qu’il allait nous accorder comme des violons ou des violoncelles. Ma foi, nous n’étions rassurés ni les uns ni les autres.

M. le Curé, M. Valrügis et sa vieille sœur étaient là, interloqués, n’osant prononcer une parole.

« Attention ! cria maître Effarane. La gamme d’ut majeur, en solfiant. Voici le diapason. »

Le diapason ? Je m’attendais à ce qu’il tirât de sa poche une petite pièce à deux branches, semblable à celle du bonhomme Eglisak, et dont les vibrations donnent le la officiel, à Kalfermatt comme ailleurs.

Ce fut bien un autre étonnement.

Maître Effarane venait de baisser la tête et, de son pouce à demi fermé, il se frappa d’un coup sec la base du crâne.

Ô surprise ! sa vertèbre supérieure rendit un son métallique, et ce son était précisément le la, avec ses huit cent soixante-dix vibrations normales.

Maître Effarane avait en lui le diapason naturel. Et alors, nous donnant l’ut, une tierce mineure au-dessus, tandis que son index tremblotait au bout de son bras :

« Attention ! répéta-t-il. Une mesure pour rien ! »

Et nous voici, solfiant la gamme d’ut, ascendante d’abord, descendante ensuite.

« Mauvais… mauvais… s’écria maître Effarane, lorsque la dernière note se fut