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mer glacée. Aucune ligne de démarcation ne les séparait. Opposé à cette immense blancheur, le ciel paraissait être d’un bleu pâle. Sur cette grève étaient empreints les pas des colons, qui s’y promenaient journellement, soit qu’ils vinssent récolter la glace, dont la fusion produisait l’eau douce, soit qu’ils s’exerçassent au patinage. Les courbes des patins s’entre-croisaient à la surface de la croûte durcie, comme ces cercles que les insectes aquatiques dessinent à la surface des eaux.

Des empreintes de pas se dirigeaient aussi du littoral à la Hansa. C’étaient les dernières qu’eût laissées Isac Hakhabut avant la tombée des neiges Les bourrelets qui limitaient ces empreintes avaient acquis la dureté du bronze sous l’influence de froids excessifs.

Un demi-kilomètre séparait les premières assises du massif de cette crique dans laquelle hivernaient les deux navires.

En arrivant à la crique, le lieutenant Procope fit observer combien la ligne de flottaison de la Hansa et de la Dobryna s’était progressivement surélevée. La tartane et la goélette dominaient maintenant la surface de la mer d’une vingtaine de pieds.

« Voilà un curieux phénomène ! dit le capitaine Servadac

— Curieux et inquiétant, répondit le lieutenant Procope. Il est évident qu’il se fait sous la coque des navires, là où il y a peu de fond, un énorme travail de