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« bobine Rosette », la « nervosité », — que l’on accepte pour un instant ce mot barbare, — était emmagasinée à une très-haute tension, comme l’électricité l’est dans la bobine Rhumkorff.

Cependant, si nerveux que fût le professeur, ce n’était pas une raison pour le laisser aller de vie à trépas. Dans un monde où l’on ne compte que trente-cinq habitants, la vie du trente-sixième n’est pas à dédaigner. Lorsque le moribond fut en partie dépouillé de ses vêtements, on put constater que son cœur battait encore, faiblement, mais enfin il battait. Il était donc possible qu’il reprît connaissance, grâce aux soins vigoureux qu’on lui prodiguait. Ben-Zouf frottait et refrottait ce corps sec comme un vieux sarment, à faire craindre qu’il ne prît feu, et, comme s’il eût astiqué son sabre pour une parade, il murmurait ce refrain si connu :

Au tripoli, fils de la gloire,
Tu dois l’éclat de ton acier.

Enfin, après vingt minutes d’un massage non interrompu, un soupir s’échappa des lèvres du moribond, puis deux, puis trois. Sa bouche, hermétiquement fermée jusqu’alors, se desserra. Ses yeux s’entr’ouvrirent, se refermèrent et s’ouvrirent tout à fait, mais inconscient encore du lieu et des circonstances où il se voyait. Quelques paroles furent prononcées, qu’on