Page:Verne - Hector Servadac, Tome 2.pdf/270

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mise en état, et, avec ce qui restait de charbon, on fit plusieurs voyages à l’île Gourbi.

Le capitaine Servadac, Procope et quelques Russes furent du premier voyage. Ils retrouvèrent l’île, le gourbi, le poste, respectés par ce long hiver. Des ruisseaux coulaient à la surface du sol. Les oiseaux, ayant quitté la Terre-Chaude à tire-d’aile, étaient revenus à ce bout de terre fertile, où ils revoyaient la verdure des prairies et des arbres. Des plantes nouvelles apparaissaient sous l’influence de cette chaleur équatoriale des jours de trois heures. Le soleil leur versait ses rayons perpendiculaires avec une extraordinaire intensité. C’était l’été brûlant, succédant presque inopinément à l’hiver.

Ce fut à l’île Gourbi que l’on fit la récolte de l’herbe et de la paille qui devaient servir au gonflement de la montgolfière. Si cet énorme appareil n’eût pas été si encombrant, peut-être l’aurait-on transporté par mer à l’île Gourbi. Mais il parut préférable de s’enlever de la Terre-Chaude et d’y apporter le combustible destiné à opérer la raréfaction de l’air.

Déjà, pour les besoins journaliers, on brûlait le bois provenant des débris des deux navires. Lorsqu’il fut question d’utiliser ainsi les bordages de la tartane, Isac Hakhabut voulut s’y opposer. Mais Ben-Zouf lui fit entendre qu’on lui ferait payer cinquante mille francs sa place dans la nacelle, s’il s’avisait seulement d’ouvrir la bouche.