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empêcher, ne laissa pas d’impressionner douloureusement les colons. On eût dit que quelque chose de la terre venait de leur manquer.

Dire ce que furent les lamentations d’Isac Hakhabut devant cette destruction instantanée de sa tartane, les malédictions qu’il lança contre la mauvaise race, c’est impossible. Il accusa le capitaine Servadac et les siens. Si on ne l’avait pas obligé à conduire la Hansa à cette crique de la Terre-Chaude, si on l’eût laissée au port de l’île Gourbi, tout cela ne serait pas arrivé ! On avait agi contre sa volonté, on était responsable, et, de retour à la terre, il saurait bien actionner ceux qui lui avaient causé un tel dommage !

« Mordioux ! s’écria le capitaine Servadac, taisez-vous, maître Isac, ou je vous fais mettre aux fers ! »

Isac Hakhabut se tut et retourna dans son trou.

Le 14 décembre, la montgolfière fut achevée. Soigneusement cousue et vernie, elle était d’une solidité remarquable. Le filet avait été fabriqué avec les légers cordages de la Dobryna. La nacelle, faite de claies d’osier qui formaient les compartiments de cale à bord de la Hansa, était suffisante à contenir vingt-trois personnes. Il ne s’agissait, après tout, que d’une courte ascension, — le temps de se glisser avec l’atmosphère de Gallia dans l’atmosphère terrestre. On ne devait pas regarder à ses aises.

Restait donc toujours cette question d’heure, de minute et de seconde, sur laquelle le rébarbatif,