— Je vous la permets, capitaine.
— Oserais-je vous demander de quel droit ?…
— Du droit de premier occupant.
— C’est aux mieux, major Oliphant. Mais ne pensez-vous pas que les Espagnols, qui sont devenus les hôtes de la Terre-Chaude, pourraient réclamer avec quelque raison ?…
— Je ne le pense pas, capitaine Servadac.
— Et pourquoi, s’il vous plaît ?
— Parce que ce sont ces Espagnols qui ont cédé ce rocher de Ceuta en toute propriété à l’Angleterre.
— Par contrat, major Oliphant ?
— Par contrat en bonne et due forme.
— Ah ! vraiment ?
— Et ils ont même reçu en or anglais, capitaine Servadac, le prix de cette importante cession.
— Voilà donc, s’écria Ben-Zouf, pourquoi Negrete et ses compagnons avaient tant d’argent dans leur poche ! »
En effet, les choses s’étaient passées comme le disait le major Oliphant. Les deux officiers, on se le rappelle, avaient secrètement fait une visite à Ceuta lorsque les Espagnols y étaient encore. De là cette cession, facile à obtenir, de l’îlot au profit de l’Angleterre.
Donc, l’argument sur lequel comptait un peu le capitaine Servadac tombait de lui-même. Donc, déconvenue complète du conquérant et de son chef d’état--