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Avant le choc, Ceuta appartenait aux Espagnols et commandait l’un des côtés du détroit. Mais Ceuta, abandonnée, revenait au premier occupant. Donc, se rendre au rocher de Ceuta, en prendre possession au nom de la France, y planter le pavillon français, voilà ce qui parut tout indiqué au capitaine Servadac.

« Qui sait, se disait-il, si Ceuta n’arrivera pas à bon port sur la terre et ne commandera pas quelque importante Méditerranée ? Eh bien, le pavillon français, planté sur ce roc, justifiera les prétentions de la France ! »

Et voilà pourquoi, sans en rien dire, le capitaine Servadac et son ordonnance Ben-Zouf partirent pour la conquête.

On conviendra, d’ailleurs, que Ben-Zouf était bien fait pour comprendre son capitaine. Conquérir un morceau de rocher à la France ! Faire une niche aux Anglais ! C’était son affaire !

Ce fut, après le départ, au pied de la falaise, lorsque, les adieux terminés, les deux conquérants se trouvèrent seuls, que Ben-Zouf eut connaissance des projets de son capitaine.

Et alors il sembla que les vieux refrains de régiment lui revinssent à la mémoire ; car, d’une voix superbe, il se mit à chanter :


Le soleil en se levant
Nous fich’ des rayons obliques !
Vlan ! du bataillon d’Afrique,
Vlan ! les Zéphyrs en avant !