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et demi de séjour sur Gallia ! Avec son tempérament, il lui était certes plus difficile qu’à tout autre de se dégager moralement des choses de la terre, bien qu’il le fût matériellement ! S’il avait été forcé de constater, à son grand regret, l’apparition de phénomènes anormaux, l’accourcissement des jours et des nuits, la désorientation de deux points cardinaux par rapport au lever et au coucher du soleil, tout cela, dans son idée, se passait sur la terre ! Cette mer, c’était toujours la Méditerranée ! Si une partie de l’Afrique avait certainement disparu dans quelque cataclysme, l’Europe subsistait tout entière, à quelques centaines de lieues dans le nord ! Ses habitants y vivaient comme devant, et il pourrait encore trafiquer, acheter, vendre, en un mot commercer ! La Hansa ferait le cabotage du littoral européen, à défaut du littoral africain, et ne perdrait peut-être pas au change ! C’est pourquoi Isac Hakhabut était accouru sans retard pour apprendre à Nina-Ruche des nouvelles de l’Europe.

Chercher à désabuser Isac, à confondre son entêtement, c’était peine inutile. Le capitaine Servadac ne songea même pas à l’essayer. Il ne tenait pas, d’ailleurs, à renouer des relations avec ce renégat qui lui répugnait, et, devant sa requête, il se contenta de hausser les épaules.

Quelqu’un qui les haussait encore plus haut que lui, c’était Ben-Zouf. L’ordonnance avait entendu la demande formulée par Isac, et ce fut lui qui répondit