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allaient dormir et jeûner comme elles jusqu’au retour de la saison chaude !

De toute la colonie gallienne, ce fut la petite Nina qui sut le mieux résister. Elle allait, venait, prodiguait ses encouragements à Pablo, que la torpeur générale gagnait aussi. Elle parlait à l’un, à l’autre, et sa voix fraîche, charmait ces lugubres profondeurs comme un chant d’oiseau. Elle obligeait celui-ci à manger, celui-là à boire. Elle était l’âme de ce petit monde, elle l’animait par son va-et-vient. Elle chantait de joyeuses chansons d’Italie, lorsque, dans ce milieu lugubre, il se faisait quelque accablant silence. Elle bourdonnait comme une jolie mouche, mais plus utile, plus bienfaisante, que la mouche du fabuliste. Il y avait tant de vie surabondante dans ce petit être, qu’elle se communiquait pour ainsi dire à tous. Peut-être ce phénomène de réaction s’accomplit-il presque à l’insu de ceux qui en subissaient l’influence, mais il n’en fut pas moins réel, et la présence de Nina fut incontestablement, salutaire aux Galliens, à demi endormis dans cette tombe.

Cependant, des mois s’écoulèrent. Comment ? le capitaine Servadac et ses compagnons n’auraient pu le dire.

Vers ce commencement de juin, la torpeur générale parut se détendre peu à peu. Était-ce l’influence de l’astre radieux, dont la comète se rapprochait ? Peut-être, mais le soleil était encore bien loin ! Le lieute-