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vegardait ses intérêts, elle mettait son bien en lieu, sûr, et lui n’aurait rien à payer pour ce déchargement de la tartane, puisqu’il se faisait « contre sa volonté ».

Pendant plusieurs jours, les Russes et les Espagnols s’employèrent activement à ce travail. Chaudement vêtus, étroitement encapuchonnés, ils purent impunément braver cette basse température. Ils évitaient seulement de toucher à mains nues les objets de métal dont ils opéraient le transport. La peau de leurs doigts, y fût restée, comme si ces objets eussent été rougis au feu, — car l’effet produit est absolument identique à celui d’une brûlure. La besogne se fit donc sans accident, et la cargaison de la Hansa fut enfin emmagasinée dans une des vastes galeries de Nina-Ruche.

Le lieutenant Procope ne se sentit rassuré que quand la chose eut été complètement faite.

Mais alors, Isac Hakhabut, n’ayant plus aucune raison de demeurer sur sa tartane, vint habiter la galerie même réservée à ses marchandises. Il faut convenir qu’il ne fut pas gênant. On ne le voyait que fort peu. Il couchait près de son bien, il se nourrissait de son bien. Une lampe à esprit-de-vin lui servait à ses préparations culinaires, plus que modestes. Les hôtes de Nina-Ruche n’avaient d’autres relations avec lui que lorsqu’il s’agissait, pour eux d’acheter, pour lui de vendre. Ce qui est certain, c’est que peu à peu tout l’or