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Et pour donner une idée de ces distances, en prenant pour base la vitesse de la lumière, d’après d’ingénieux savants on peut raisonner ainsi :

« Supposons un être doué d’une puissance de vision infinie, et mettons-le sur la Chèvre. S’il regarde vers la terre, il sera témoin des faits qui se sont accomplis il y a soixante-douze ans. S’il se transporte sur une étoile dix fois plus éloignée, il y verra les événements qui se sont produits il y a sept cent vingt ans. Plus loin encore, à une distance que la lumière emploie dix-huit cents ans à franchir, il assistera à cette grande scène de la mort du Christ. Plus loin encore, s’il faut au rayon lumineux six mille ans pour arriver à son œil, il pourra contempler les désolations du déluge universel. Plus loin enfin, puisque l’espace est infini, il verrait, suivant la tradition biblique, Dieu créant les mondes. En effet, tous les faits sont pour ainsi dire stéréotypés dans l’espace, et rien ne peut s’effacer de ce qui s’est une fois accompli dans l’univers céleste. »

Peut-être avait-il raison, l’aventureux Palmyrin Rosette, de vouloir courir ce monde sidéral, où tant de merveilles eussent charmé ses yeux. Si sa comète fût entrée successivement au service d’une étoile, puis d’une autre, quels systèmes stellaires si différents il aurait observés ! Gallia se serait déplacée avec ces étoiles dont la fixité n’est qu’apparente et qui se meuvent pourtant, — ainsi fait Arcturus, avec une