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cheff qui me paraissent solvables et qui ne regarderont pas au taux de l’intérêt. Ah ! je ne suis pas fâché de prêter à ces gens-là quelque argent remboursable dans le vrai monde ! »

Sans le savoir, Isac Hakhabut allait imiter un procédé que les Gaulois employaient jadis. Ils prêtaient sur billets payables en l’autre vie. Pour eux, il est vrai, l’autre vie, c’était celle de l’éternité. Pour Isac, c’était la vie terrestre, à laquelle, avant quinze mois, la chance, bonne pour lui, mauvaise pour ses débiteurs, allait probablement le rendre.

En conséquence de tout ce qui vient d’être dit, de même que la terre et Gallia marchaient irrésistiblement l’une vers l’autre, de même Isac Hakhabut allait faire un pas vers le capitaine Servadac, qui se dirigeait, lui, vers le propriétaire de la tartane.

La rencontre eut lieu pendant la journée du 15 novembre, dans la cabine de la Hansa. Le prudent négociant s’était bien gardé d’offrir, puisqu’il savait qu’on viendrait demander.

« Maître Isac, dit le capitaine Servadac, qui entra en matière sans préambule ni finasseries d’aucune sorte, nous avons besoin de café, de tabac, d’huile et autres articles dont la Hansa est approvisionnée. Demain, Ben-Zouf et moi, nous viendrons acheter ce dont nous avons besoin.

— Miséricorde ! s’écria Isac, auquel cette exclamation échappait toujours, qu’elle fût justifiée ou non.