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exactement un kilogramme sur la terre. Donc, si, étant sur la terre, je le suspendais au crochet de ce peson, l’aiguille marquerait un kilogramme. Est-ce clair ? »

En parlant ainsi, Palmyrin Rosette ne cessait de regarder fixement Ben-Zouf. En cela, il imitait Arago, lequel, pendant ses démonstrations, regardait toujours celui de ses auditeurs qui lui paraissait être le moins intelligent ; et, lorsque cet auditeur lui semblait avoir compris, il était assuré de la clarté de sa démonstration[1].

Ici, l’ordonnance du capitaine Servadac n’était pas inintelligent, tant s’en fallait, mais il était ignorant, et cela revenait au même.

Or, Ben-Zouf ayant paru convaincu, le professeur continua sa démonstration en ces termes :

« Eh bien, messieurs, ce groupe de quarante pièces, je vais le suspendre au crochet du peson, et, comme j’opère sur Gallia, nous allons savoir ce qu’il pèse sur Gallia. »

Le groupe fut attaché au crochet, l’aiguille du peson

  1. De là cette aventure plaisamment racontée par l’illustre astronome. Un jour, dans un salon où il venait de raconter ce fait, un jeune homme entra, qu’il ne connaissait pas et dont il eut à subir les saluts les plus empressés.

    « À qui ai-je l’honneur de parler ? lui demanda-t-il.

    — Oh ! monsieur Arago, vous devez bien me connaître, car j’assiste assidûment à vos cours, et vous ne cessez de me regarder pendant tout le temps de la leçon ! »