Page:Verne - Hector Servadac, Tome 1.pdf/90

Cette page a été validée par deux contributeurs.

leurs, deux heures après qu’elle eut été signalée par Ben-Zouf, elle était absolument reconnaissable.

Le capitaine Servadac, sa longue-vue à l’œil, n’avait pas cessé un instant de l’observer.

« La Dobryna ! s’écria-t-il.

— La Dobryna ? répondit Ben-Zouf. Ce ne peut être elle. On ne voit pas sa fumée !

— Elle est sous voile, répliqua le capitaine Servadac, mais c’est bien la goëlette du comte Timascheff ! »

C’était la Dobryna, en effet, et si le comte était à bord, le plus grand des hasards allait le remettre en présence de son rival.

Il va sans dire que le capitaine Servadac ne voyait plus que l’un de ses semblables, non un adversaire, dans celui que la goëlette ramenait à l’île, et qu’il ne songea pas un instant à la rencontre projetée entre le comte et lui, ni aux motifs qui l’avaient décidée. Les circonstances se trouvaient tellement changées, qu’il n’éprouva que le plus vif désir de revoir le comte Timascheff et de s’entretenir avec lui de tant d’événements extraordinaires. La Dobryna, en effet, après vingt-sept jours d’absence, avait pu reconnaître les côtes voisines de l’Algérie, remonter peut-être jusqu’à l’Espagne, jusqu’à l’Italie, jusqu’à la France, parcourir cette Méditerranée si étrangement modifiée, et, conséquemment, elle devait apporter des nouvelles de toutes ces contrées dont l’île Gourbi était séparée main-