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Restait donc à trouver quelle était l’étoile qui la remplaçait, c’est-à-dire par quel point du ciel passait maintenant l’axe prolongé de la terre. Ce fut à cette observation que, pendant plusieurs heures, Hector Servadac s’attacha uniquement. La nouvelle polaire devait être immobile comme l’était l’ancienne, au milieu des autres étoiles qui, dans leur mouvement apparent, accomplissent autour d’elle leur révolution diurne.

Le capitaine Servadac reconnut bientôt que l’un de ces astres, très-rapproché de l’horizon septentrional, remplissait ces conditions d’immobilité et semblait être stationnaire entre tous. C’était l’étoile Wéga de la Lyre, — celle-là même qui, par suite de la précession des équinoxes, doit remplacer la polaire dans douze mille ans. Or, comme il ne s’était pas écoulé douze mille ans depuis quatorze jours, il fallait bien en conclure que l’axe de la terre avait été brusquement changé.

« Et alors, observa le capitaine, non-seulement l’axe aurait été changé, mais, puisqu’il passe par un point si rapproché de l’horizon, il faudrait admettre que la Méditerranée se trouverait reportée à l’équateur. »

Et il tomba dans un abîme de réflexions, pendant que ses regards erraient de la Grande-Ourse, devenue une constellation zodiacale et dont la queue seule sortait alors des eaux, jusqu’à ces nouvelles étoiles de l’hémisphère austral, qui, pour la première fois, se levaient à ses yeux.