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l’époque diluvienne n’avaient pu s’accomplir avec une plus surprenante intensité.

Mais, le 13, ce déluge cessa comme par enchantement. Les dernières violences du vent dissipèrent les derniers nuages dans la nuit du 13 au 14. Hector Servadac, depuis six jours confiné dans le poste, le quitta dès qu’il vit la pluie cesser et le vent calmir. Il courut se poster, lui aussi, sur la falaise. Qu’allait-il lire dans les astres ? Ce gros disque, un instant entrevu dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier, reparaîtrait-il à ses yeux ? Le secret de sa destinée lui serait-il révélé enfin ?

Le ciel resplendissait. Aucune vapeur ne voilait les constellations. Le firmament se tendait au regard comme une immense carte céleste, et quelques nébuleuses se dessinaient là où l’œil d’un astronome n’eût pu autrefois les distinguer sans télescope.

Le premier soin de l’officier fut d’observer la polaire, car observer la polaire, c’était son fort.

Elle était là, mais très-abaissée sur l’horizon, et il était probable qu’elle ne servait plus de pivot central à tout le système stellaire. En d’autres termes, l’axe de la terre, indéfiniment prolongé, ne passait plus par le point fixe que cette étoile occupait ordinairement dans l’espace. Et en effet, une heure après, elle s’était sensiblement déplacée déjà et s’abaissait sur l’horizon, comme si elle eût appartenu à quelque constellation zodiacale.