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une maison en ruine ne put même être aperçue à l’horizon.

Le lendemain, 5 janvier, ils firent une marche forcée le long du rivage méditerranéen. Ce littoral n’avait pas été respecté aussi complètement que le pensait l’officier d’état-major. Quatre bourgades manquaient sur cette côte : Callaat-Chimah, Agmiss, Marabout et Pointe-Basse. Les caps n’avaient pu résister au choc et s’étaient détachés du territoire. Du reste, les explorateurs avaient pu constater que leur île était absolument dépourvue d’habitants autres qu’eux-mêmes, mais la faune y était représentée par quelques troupeaux de ruminants qui erraient à travers la plaine.

Le capitaine Servadac et son ordonnance avaient employé à parcourir le périmètre de cette île cinq des nouveaux jours, soit, en réalité, deux et demi des anciens. Il y avait donc soixante heures qu’ils avaient quitté le gourbi, lorsqu’ils y rentrèrent.

« Eh bien, mon capitaine ? dit Ben-Zouf.

— Eh bien, Ben-Zouf ?

— Vous voilà gouverneur général de l’Algérie !

— Une Algérie sans habitants !

— Bon ! Est-ce que je ne compte pas ?

— Alors tu serais ?…

— La population, mon capitaine, la population !

— Et mon rondeau ? dit le capitaine Servadac en se couchant. C’était bien la peine de tant m’escrimer à le faire ! »