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chevaux commencèrent à descendre vers le sud-est, en suivant l’ancienne rive droite du fleuve.

Ce littoral avait gardé l’aspect qui le caractérisait, lorsqu’il ne formait qu’une simple berge du Chéliff. Seulement, toute l’autre partie riveraine, on se le rappelle, avait disparu, et elle était remplacée par un horizon de mer. Ainsi donc, au moins jusqu’à la limite tracée par cet horizon, toute cette portion de la province d’Oran, en avant de Mostaganem, devait avoir été engloutie pendant la nuit du 31 décembre au 1er janvier.

Le capitaine Servadac connaissait parfaitement ce territoire, qu’il avait exploré. Il en avait fait autrefois la triangulation, et il pouvait s’orienter avec une exactitude parfaite. Son but, après l’avoir reconnu sur la plus grande étendue possible, était de faire un rapport qu’il adresserait… où, à qui et quand ? il l’ignorait.

Pendant les quatre heures de jour qui restaient, les deux cavaliers firent environ trente-cinq kilomètres depuis l’embouchure du Chéliff. La nuit venue, ils campèrent près d’un léger coude de ce qui avait été le fleuve, et devant lequel, la veille encore, se déversaient les eaux d’un affluent de sa rive gauche, la Mina, maintenant absorbée par la nouvelle mer.

Pendant cette excursion, on n’avait pas rencontré âme qui vive, ce qui ne laissait pas d’être surprenant.

Ben-Zouf organisa la couchée tant bien que mal. Les chevaux furent entravés et purent paître à loisir l’herbe