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Il fallut donc recommencer à leur donner la chasse, car la position n’eût plus été tenable. Ce fut une diversion aux occupations quotidiennes, et les chasseurs de la petite colonie ne chômèrent pas. Le nombre de ces oiseaux était si considérable, que ce fut bientôt comme un envahissement. Ils étaient si affamés, et, par conséquent, si rapaces, qu’ils enlevaient des bribes de viande ou des miettes de pain jusque dans les mains des convives de la grande salle. On les poursuivait à coups de pierres, à coups de bâton, à coups de fusil même. Mais ce ne fut qu’après une suite de combats acharnés que l’on parvint à se débarrasser en partie de ces incommodes visiteurs, après que quelques couples eurent été conservés pour le renouvellement de l’espèce.

Ben-Zouf était le grand ordonnateur de ces chasses. Comme il se démenait, comme il criait ! De quelles invectives soldatesques il accablait les malheureux volatiles ! Combien on en mangea, pendant quelques jours, de ceux qui se distinguaient par leurs qualités comestibles, tels que canards sauvages, pilets, perdrix, bécasses, bécassines, etc. ! Il est même à supposer que les chasseurs les tuaient avec une préférence marquée, Enfin, l’ordre commença à se rétablir dans Nina-Ruche. On ne compta plus enfin qu’une centaine d’intrus, qui nichèrent dans les trous de roche et qu’il n’était pas facile de déloger. Aussi, arriva-t-il que