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matières volcaniques. Ce calme relatif ne pouvait échapper à l’attention des explorateurs. Il n’y avait même pas bouillonnement de laves. Ces substances liquides, portées à l’état incandescent, s’élevaient dans le cratère par un mouvement continu, et elles s’épanchaient tranquillement, comme le trop-plein d’un paisible lac qui s’enfuit par son déversoir. Que l’on permette cette comparaison : le cratère ne ressemblait point à une bouilloire, soumise à un feu ardent, et dont l’eau s’échappe avec violence ; c’était plutôt une cuvette, emplie jusqu’aux bords, qui se déversait sans effort et presque sans bruit. Aussi, point d’autres matières éruptives que ces laves, point de jets de pierres ignées à travers les volutes fuligineuses qui couronnaient la cime du mont, point de cendres mêlées à ces fumées, — ce qui expliquait pourquoi la base de la montagne n’était pas semée de ces pierres ponces, de ces obsidiennes et autres minéraux d’origine plutonienne, qui parsèment le sol aux approches des volcans. Il ne se voyait pas non plus un seul bloc erratique, puisqu’aucun glacier n’avait pu se former encore.

Cette particularité, ainsi que le fit observer le capitaine Servadac, était de bon augure et permettait de croire à l’infinie continuation de l’éruption volcanique. La violence, dans l’ordre moral comme dans l’ordre physique, est exclusive de la durée. Les orages les plus terribles, aussi bien que les emportements les