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gens-là sont déjà assez mollasses de leur naturel ! S’ils venaient à savoir ce qui en est, ils se désespéreraient, et on n’en pourrait plus rien faire !

— D’ailleurs, ajouta le lieutenant Procope, ils sont fort ignorants, j’imagine, et je pense qu’ils ne comprendraient absolument rien à tout ce qu’on pourrait leur dire au point de vue cosmographique !

— Bah ! reprit le capitaine Servadac, s’ils comprenaient, cela ne les tracasserait guère ! Les Espagnols sont des êtres tant soit peu fatalistes, comme le sont les Orientaux, et ceux-là ne sont point gens à s’impressionner outre mesure ! Un air de guitare, un peu de fandango et de castagnettes, et ils n’y songeront plus ? Qu’en pensez-vous, comte Timascheff ?

— Je pense, répondit le comte Timascheff, qu’il vaut mieux dire la vérité, ainsi que je l’ai dite à mes compagnons de la Dobryna.

— C’est aussi mon avis, répondit le capitaine Servadac, et je ne crois pas que nous devions cacher la situation à ceux qui doivent en partager les dangers. Si ignorants que soient probablement ces Espagnols, ils ont nécessairement observé certaines modifications apportées aux phénomènes physiques, telles que raccourcissement des jours, le changement de marche du soleil, la diminution de la pesanteur. Donc, apprenons-leur qu’ils sont maintenant entraînés dans l’espace, et loin de la terre, dont il ne reste plus que cette île.

— Eh bien, voilà qui est convenu ! répondit Ben-