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au 1er janvier, avaient disparu en même temps que tant d’autres de leurs semblables. Mais on se souvient que les dernières roches de Ceuta, faisant face à Gibraltar, avaient été épargnées, — si ce mot peut être employé en cette circonstance, — et, avec elles, une dizaine d’Espagnols qui ne soupçonnaient en aucune façon ce qui venait de se passer.

Ces Espagnols, majos andalous, insouciants par nature, fainéants par goût, aussi prompts à jouer de la navaja que de la guitare, cultivateurs de profession, avaient pour chef un certain Negrete, qui était le plus instruit de la bande, uniquement parce qu’il avait un peu plus couru le monde. Lorsqu’ils se virent seuls et abandonnés sur les roches de Ceuta, leur embarras fut grand. La Hansa était bien là, avec son propriétaire, et ils n’étaient pas hommes à se gêner d’en prendre possession pour se rapatrier, mais il n’y avait pas un marin parmi eux. Cependant, ils ne pouvaient demeurer éternellement sur ce roc, et, lorsque leurs provisions furent épuisées, ils obligèrent Hakhabut à les recevoir à son bord.

Sur ces entrefaites, Negrete reçut la visite des deux officiers anglais de Gibraltar, — visite dont il a été fait mention. Ce qui fut dit entre les Anglais et les Espagnols, Isac l’ignorait. Quoi qu’il en soit, ce fut à la suite de cette visite que Negrete obligea Hakhabut de mettre à la voile, pour le transporter, lui et les siens, au point le plus rapproché de la côte