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à la rencontre de son capitaine qui venait de débarquer, il lui baisa les mains avec attendrissement.

Toutefois, au lieu de ces phrases si naturelles : « Quel bonheur de vous revoir ! Que j’ai été inquiet ! Que votre absence a été longue ! » Ben-Zouf s’écriait :

« Ah ! les gueux ! les bandits ! Ah ! vous faites bien d’arriver, mon capitaine ! Les voleurs ! les pirates ! les misérables bédouins !

— Et à qui en as-tu, Ben-Zouf ? demanda Hector Servadac, auquel ces exclamations bizarres donnèrent à penser qu’une bande d’Arabes pillards avait envahi son domaine.

— Eh ! c’est à ces satanés oiseaux que j’en ai ! s’écria Ben-Zouf. Voilà un mois que j’use ma poudre contre eux ! Mais plus j’en tue, plus il en revient ! Ah ! si on les laissait faire, ces Kabyles à becs et à plumes, nous n’aurions bientôt plus un grain de blé sur l’île ! »

Le comte Timascheff et le lieutenant Procope, qui venaient de rejoindre le capitaine Servadac, purent constater avec lui que Ben-Zouf n’exagérait rien. Les récoltes, rapidement mûries par les grandes chaleurs de janvier, au moment où Gallia passait à son périhélie, étaient maintenant exposées aux déprédations de quelques milliers d’oiseaux. Ce qui restait de la moisson était fort menacé par ces voraces volatiles. Il convient de dire, en effet, « ce qui restait de la moisson », car Ben-Zouf n’avait pas chômé pendant le voyage de