Page:Verne - Hector Servadac, Tome 1.pdf/199

Cette page a été validée par deux contributeurs.

longeant le littoral du nord, elle marcha vers l’est à toute vapeur. Le froid commençait à être vif, surtout par une brise aiguë. Le thermomètre se tenait en moyenne à deux degrés au-dessous de zéro. Très-heureusement, la mer ne se prend qu’à une température inférieure à celle de l’eau douce, et elle ne présenta aucun obstacle à la navigation de la Dobryna. Mais il fallait se hâter.

Les nuits étaient belles. Les nuages semblaient déjà ne se former que plus difficilement dans les couches progressivement refroidies de l’atmosphère. Les constellations brillaient au firmament avec une incomparable pureté. Si le lieutenant Procope, en qualité de marin, devait regretter que la lune eût à jamais disparu de l’horizon, un astronome, occupé à scruter les mystères du monde sidéral, se serait félicité, au contraire, de cette propice obscurité des nuits galliennes.

Mais si les explorateurs de la Dobryna étaient privés de la lune, ils en avaient, du moins, la monnaie. À cette époque, une véritable grêle d’étoiles filantes sillonna l’atmosphère, — étoiles bien autrement nombreuses que celles dont les observateurs terrestres peuvent dresser la classification en août et en novembre. Et si, à s’en rapporter à M. Olmsted, une moyenne de trente-quatre mille astéroïdes de cette espèce a paru sur l’horizon de Boston en 1833, on pouvait ici hardiment décupler ce nombre.