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n’offrirait pas, à sa surface, cette concrétion minérale dont la composition même nous échappe ! »

C’était là une sérieuse objection que le capitaine Servadac faisait à la théorie du lieutenant. En effet, on pouvait concevoir, à la rigueur, qu’un fragment se fût détaché du globe, entraînant avec lui une partie de l’atmosphère et une portion des eaux méditerranéennes ; on pouvait même admettre que ses mouvements de translation et de rotation ne fussent plus identiques à ceux de la terre ; mais pourquoi, au lieu des rivages fertiles qui bordaient la Méditerranée au sud, à l’ouest et à l’est, cette abrupte muraille, sans trace de végétation, et dont la nature même était inconnue ?

Le lieutenant Procope fut fort empêché de répondre à cette objection, et il dut se borner à dire que l’avenir, sans doute, réservait bien des solutions introuvables pour le moment. En tout cas, il ne croyait pas devoir renoncer à l’admission d’un système qui expliquait tant de choses inexplicables. Quant à la cause première, elle lui échappait encore. Devait-on admettre qu’une expansion des forces centrales avait pu détacher un pareil bloc du globe terrestre et le lancer dans l’espace ? c’était fort incertain. Dans ce problème si complexe, que d’inconnues encore à dégager.

« Après tout, dit le capitaine Servadac pour conclure, peu m’importe de graviter dans le monde solaire sur un nouvel astre, si la France y gravite avec nous !