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fallait. « Nous ne sabotons pas, nous autres, » disent les officiers d’artillerie, entendant par là qu’ils ne boudent jamais à la besogne. Hector Servadac, lui, « sabotait » volontiers, étant aussi naturellement flâneur que détestable poëte ; mais, avec sa facilité à tout apprendre, à tout s’assimiler, il avait pu sortir de l’école dans un bon rang et entrer dans l’état-major. Il dessinait bien, d’ailleurs ; il montait admirablement à cheval, et l’indomptable sauteur du manège de Saint-Cyr, le successeur du fameux Oncle Tom, avait trouvé en lui son maître. Ses états de service mentionnaient qu’il avait été plusieurs fois porté à l’ordre du jour, et ce n’était que justice.

On citait de lui ce trait :

Un jour, il conduisait dans la tranchée une compagnie de chasseurs à pied. À un certain endroit, la crête de l’épaulement, criblée d’obus, avait cédé et n’offrait plus une hauteur suffisante pour couvrir les soldats contre la mitraille qui sifflait drue. Ceux-ci hésitèrent. Le capitaine Servadac monta alors sur l’épaulement ; puis, se couchant en travers de la brèche, que son corps bouchait tout entière :

« Passez maintenant, » dit-il.

Et la compagnie passa au milieu d’une grêle de balles, dont pas une n’atteignit l’officier d’état-major.

Depuis sa sortie de l’École d’application, à l’exception de deux campagnes qu’il fit (Soudan et Japon), Hector Servadac fut toujours détaché en Algérie. À