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à exécution, n’avait donc qu’une seule route à suivre, celle de l’ouest, afin de gagner ainsi les portions septentrionales de la Méditerranée.

Elle l’essaya dans la journée du 16 février. Mais, comme si les éléments eussent voulu lutter contre elle, le vent et les lames réunirent leurs efforts pour enrayer sa marche. Une furieuse tempête s’éleva, qui rendit la mer bien difficile à tenir pour un navire de deux cents tonneaux seulement. Le danger devint même très-grand, car le vent battait en côte.

Le lieutenant Procope fut extrêmement inquiet. Il avait dû serrer toutes ses voiles, amener ses mâts de hune ; mais, alors, réduit à l’action de la machine, il ne put gagner, contre le mauvais temps. Les énormes lames enlevaient la goëlette jusqu’à cent pieds dans les airs et la replongeaient d’autant au milieu du gouffre qui se creusait entre les flots. L’hélice, tournant à vide le plus souvent, ne mordait plus sur les couches liquides et perdait toute sa puissance. Bien que la vapeur surchauffée fût portée à son maximum de tension, la Dobryna reculait sous l’ouragan.

Dans quel port pouvait-on chercher refuge ? L’inabordable côte n’en offrait aucun ! Le lieutenant Procope en serait-il donc réduit à cette extrémité de se mettre au plein ? Il se le demanda. Mais alors, que deviendraient les naufragés, si toutefois ils pouvaient prendre pied sur cette falaise si accore ? Quelles ressources devaient-ils attendre de cette terre d’une ari-