Page:Verne - Hector Servadac, Tome 1.pdf/118

Cette page a été validée par deux contributeurs.

palmiers magnifiques. La sonde, jetée sur l’emplacement de ces eaux transparentes, ne rencontra que ce fond plat et aride qui supportait invariablement les flots méditerranéens.

Le cap Blanc, ou, pour parler plus exactement, l’endroit où ce cap se projetait cinq semaines auparavant, fut doublé dans la journée du 7 février. La goëlette trancha alors de son étrave des eaux qui auraient dû être celles de la baie de Tunis. Mais, de cet admirable golfe, il ne restait plus aucune trace, ni de la ville bâtie en amphithéâtre, ni du fort de l’Arsenal, ni de la Goulette, ni des deux piloris de Bou-Kournein. Le cap Bon, ce promontoire qui formait la pointe la plus avancée de l’Afrique vers la Sicile, avait été également entraîné, avec le continent, dans les entrailles du globe.

Autrefois, avant tant d’événements si bizarres, le fond de la Méditerranée remontait en cet endroit par une pente très raide et se dessinait en dos d’âne. La charpente terrestre se redressait là comme une échine, barrant le détroit de Libye, sur lequel il ne restait environ que dix sept mètres d’eau. De chaque côté de la crête, au contraire, la profondeur était de cent soixante-dix mètres. Probablement même, aux époques de formations géologiques, le cap Bon avait été réuni au cap Furina, à l’extrémité de la Sicile, comme l’était, sans doute, Ceuta à Gibraltar.

Le lieutenant Procope, en marin auquel la Méditerranée était parfaitement connue en tous ces détails,