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de la Dobryna. Il s’agissait donc de reconnaître, maintenant, où était la limite de ces désastres.

Après sérieuse discussion, il fut convenu que la goëlette continuerait sa marche vers l’est et longerait la ligne que traçait autrefois le continent africain sur cette mer dont on ne retrouvait plus les limites. La navigation se faisait sans trop de difficultés, et il fallait profiter des chances qu’offraient alors un temps favorable et un vent propice.

Mais aucun vestige ne fut revu, sur ce parcours, de la côte qui s’étendait depuis le cap Matifou jusqu’à la frontière de Tunis, ni la ville maritime de Dellys, bâtie en amphithéâtre, ni aucune apparence à l’horizon de cette chaîne du Jurjura, dont le point culminant s’élevait à deux mille trois cents mètres d’altitude, ni la ville de Bougie, ni les pentes abruptes du Gouraya, ni le mont Adrar, ni Didjela, ni les montagnes de la Petite Kabylie, ni le Triton des anciens, cet ensemble de sept caps dont la plus haute cime mesurait onze cents mètres, ni Collo, l’ancien port de Constantine, ni Stora, le port moderne de Philippeville, ni Bône, assise sur son golfe de quarante kilomètres d’ouverture. On ne vit plus rien, ni du cap de Garde, ni du cap Rose, ni des croupes des montagnes d’Édough, ni des dunes sablonneuses du littoral, ni de Mafrag, ni de Calle, célèbre par l’importante industrie de ses corailleurs, et, lorsqu’une sonde eut été pour la centième fois envoyée par le fond, elle ne rapporta pas même