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de latitude. En relevant les terres portées sur les cartes du bord, il fut constant qu’elle naviguait là où devait jadis s’étendre le Sahel, massif qui sépare de la mer la riche plaine de la Mitidja, là où dominait autrefois le point culminant de la Bouzaréah, à une hauteur de quatre cents mètres ! Et cependant, même après l’engloutissement des terres environnantes, ce sommet aurait dû encore apparaître comme un îlot au-dessus de cet océan !

La Dobryna, descendant toujours, alla plus loin que Douera, la principale bourgade du Sahel, plus loin que Boufarick, la ville aux larges rues ombragées de platanes, plus loin que Blidah, dont on n’aperçut pas même le fort, qui surpassait l’Oued-el-Kebir de quatre cents mètres !

Le lieutenant Procope, craignant de s’aventurer plus au loin sur cette mer absolument inconnue, demanda alors à revenir vers le nord ou l’est, mais, — sur les instances du capitaine Servadac, la Dobryna s’enfonça de plus en plus dans le sud.

L’exploration fut donc prolongée jusqu’à ces montagnes de la Mouzaïa, aux grottes légendaires, que fréquentaient autrefois les Kabyles, que boisaient les caroubiers, les micocouliers et les chênes de toute espèce, qu’habitaient les lions, les hyènes et les chacals !… Leur plus haut sommet, qui se dressait, six semaines auparavant, entre le Bou-Roumi et la Chiffa, aurait dû émerger à une hauteur considérable au-des-