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rées, regardait d’un œil farouche l’immense mer, qui s’étendait au delà d’un horizon sans bornes. Tous les souvenirs de sa vie lui revenaient. Son cœur battait à se rompre. Dans cette ville d’Alger, où il avait vécu pendant plusieurs années, il revoyait ses camarades, ses amis qui n’étaient plus. Sa pensée se reportait sur son pays, sur la France. Il se demandait si l’épouvantable cataclysme n’avait pas poussé jusque-là ses ravages. Puis, il essayait de chercher, sous ces eaux profondes, quelques traces de la capitale engloutie.

« Non ! s’écriait-il. Une telle catastrophe est impossible ! Une ville ne disparaît pas ainsi tout entière ! On en retrouverait des épaves ! Les hauts sommets auraient émergé ! De la Casbah, du fort l’Empereur, bâti à cent cinquante mètres de hauteur, il resterait au moins quelques portions au-dessus des flots, et, à moins que toute l’Afrique ne soit descendue dans les entrailles du globe, il faut bien que nous en retrouvions les vestiges ! »

C’était, en effet, une circonstance fort extraordinaire, que pas une épave ne flottât à la surface de la mer, pas un seul de ces arbres brisés dont les branches auraient dû aller en dérive, pas une planche de ces bâtiments mouillés dans la magnifique baie, large de vingt kilomètres, qui s’ouvrait, un mois auparavant, entre le cap Matifou et la pointe Pescade !

Mais, si le regard s’arrêtait à la surface de ces eaux, ne pouvait-on les interroger avec la sonde et tenter