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que la terre ne suit plus sa route habituelle autour du soleil, dont une cause inconnue l’a singulièrement rapprochée !

— Je n’en suis que trop certain, répondit le capitaine Servadac, et la question, maintenant, est de savoir si, après avoir coupé l’orbite de Vénus, nous n’irons pas couper l’orbite de Mercure !…

— Pour tomber, en fin de compte, et nous anéantir sur le soleil, ajouta le comte Timascheff.

— Ce serait alors une chute, et une chute terrible ! s’écria le capitaine Servadac.

— Non, répondit le lieutenant Procope, je crois pouvoir affirmer que ce n’est pas une chute dont la terre est menacée en ce moment ! Elle ne se précipite pas vers le soleil, et c’est incontestablement une nouvelle trajectoire qu’elle décrit autour de lui.

— As-tu donc une preuve à l’appui de cette hypothèse ? demanda le comte Timascheff.

— Oui, père, répondit le lieutenant Procope, et une preuve qui te convaincra. En effet, si c’était une chute que subissait le globe terrestre, la catastrophe finale se produirait à bref délai, et nous serions extrêmement rapprochés déjà de notre centre attractif. Si c’était une chute, c’est que la vitesse tangentielle, qui, combinée avec l’action solaire, fait circuler les planètes suivant des ellipses, aurait été subitement anéantie, et, dans ce cas, la terre ne mettrait que soixante-quatre jours et demi à tomber sur le soleil.