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pour chacun, tandis que M. de Vaudreuil, Clary et Jean s’entretenaient de choses plus sérieuses, en se promenant sous les arbres du jardin.

Vers cinq heures, tous, parents, invités, se réunirent dans la grande salle, pour la signature du contrat de mariage. Il va de soi que maître Nick devait présider cette importante cérémonie, et ce qu’il allait déployer de dignité et de grâce tabellionnesque, on n’aurait pu l’imaginer.

À cette occasion, divers cadeaux de noce furent remis entre les mains des fiancés. Pas un des frères ou des beaux-frères, pas une des sœurs ou des belles-sœurs, qui n’eût fait quelque emplette au profit de Rose Harcher et Bernard Miquelon. Et, tant en bijoux de valeur qu’en ustensiles d’une utilité plus pratique, ces présents devaient amplement suffire pour l’entrée en ménage des jeunes mariés. D’ailleurs, Rose, devenue madame Miquelon, ne songeait point à quitter Chipogan. Bernard et les enfants, qui ne lui manqueraient certainement pas, c’était un accroissement de personnel auquel il serait fait bon accueil à la ferme de Thomas Harcher.

Inutile de dire que les plus précieux cadeaux furent offerts par M. et Mlle de Vaudreuil. Pour Bernard Miquelon, une excellente carabine de chasse, qui eût pu rivaliser avec l’arme favorite de Bas-de-Cuir ; pour Rose, une parure de cou, qui la fit paraître plus charmante encore. Quant à Jean, il remit à la sœur de ses braves compagnons un coffret, muni de tous ces fins outils de couture, de broderie, de tapisserie, qui ne pouvaient que faire le plus grand plaisir à une bonne ménagère.

Et, à chaque don, les applaudissements d’éclater, les cris de se joindre aux applaudissements ! Et, on le peut croire, ils redoublèrent, lorsque maître Nick — solennellement — passa au doigt des fiancés leur anneau de mariage, qu’il avait acheté chez le meilleur joaillier de Montréal, et dont le double cercle d’or portait déjà leurs noms en exergue.