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deux ans de vacances.

marcher pieds nus, lorsque le temps le permettait, elles étaient en fort mauvais état ! Tout cela était pour inquiéter la prévoyante ménagère !

La première quinzaine de novembre fut marquée par des averses fréquentes. Puis, à dater du 17, le baromètre se remit au beau fixe, et la période des chaleurs s’établit régulièrement. Arbres, arbrisseaux, arbustes, toute la végétation ne fut bientôt plus que verdure et fleurs. Les hôtes habituels des South-moors étaient revenus en grand nombre. Quel crève-cœur pour Doniphan, d’être privé de ses chasses à travers les marais, et, pour Wilcox, de ne pouvoir tendre des fleurons, par crainte qu’ils fussent aperçus des rives inférieures du Family-lake !

Et non seulement, ces volatiles fourmillaient sur cette partie de l’île, mais d’autres se firent prendre dans les pièges, aux abords de French-den.

Un jour, parmi ces derniers, Wilcox trouva l’un des migrateurs que l’hiver avait dirigés vers les pays inconnus du nord. C’était une hirondelle, qui portait encore le petit sac attaché sous son aile. Le sac contenait-il un billet à l’adresse des jeunes naufragés du Sloughi ? Non, hélas !… Le messager était revenu sans réponse !

Pendant ces longues journées inoccupées, que d’heures se passaient maintenant dans le hall ! Baxter, chargé de tenir en état le journal quotidien, n’avait plus aucun incident à y relater. Et, avant quatre mois, allait commencer un troisième hiver pour les jeunes colons de l’île Chairman !

On pouvait observer, non sans une anxiété profonde, le découragement, qui s’emparait des plus énergiques – à l’exception de Gordon, toujours absorbé dans les détails de son administration. Briant, lui aussi, se sentait accablé parfois, bien qu’il employât toute sa force d’âme à n’en rien laisser paraître. Il essayait de réagir en excitant ses camarades à continuer leurs études, à faire des conférences, des lectures à haute voix. Il les ramenait sans cesse au souvenir de leur pays, de leurs familles, affirmant qu’ils les reverraient un jour !