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deux ans de vacances.

et aucune détonation n’a pu révéler notre présence. Hier, dans la nuit, Wilcox a failli tirer sur le jaguar ; mais, par bonheur, tu es arrivé à temps pour l’en empêcher, Briant, et me sauver la vie en risquant la tienne !

— Je te le répète, Doniphan, je n’ai fait que ce que tu aurais fait à ma place ! – Et, à l’avenir, plus un seul coup de fusil ! Cessons même les visites à Traps-woods, et vivons sur nos réserves ! »

Il va sans dire que, dès son arrivée à French-den, Briant avait reçu tous les soins que nécessitait sa blessure, dont la cicatrisation fut bientôt complète. Il ne lui resta plus qu’une certaine gêne dans le bras – gêne qui ne tarda pas à disparaître.

Cependant le mois d’octobre venait de finir, et Walston n’avait pas encore été signalé aux environs du rio Zealand. Était-il donc parti, après avoir réparé sa chaloupe ? Ce n’était pas impossible, car il devait posséder une hache – Kate s’en souvint – et pouvait se servir aussi de ces solides couteaux que les marins ont toujours en poche, le bois ne manquant pas à proximité des Severn-shores.

Toutefois, dans l’ignorance où l’on était à cet égard, la vie ordinaire dut être modifiée. Plus d’excursions au loin, si ce n’est le jour où Baxter et Doniphan allèrent abattre le mât de signaux, qui se dressait à la crête d’Auckland-hill.

De ce point, Doniphan promena sa lunette sur les masses de verdure qui s’arrondissaient au levant. Bien que son regard ne pût atteindre jusqu’au littoral, caché derrière le rideau des Beechs-forest, si quelque fumée se fût élevée dans l’air, il l’aurait certainement aperçue – ce qui eût indiqué que Walston et les siens étaient campés sur cette partie de l’île. Doniphan ne vit rien dans cette direction, ni davantage au large de Sloughi-bay, dont les parages étaient toujours déserts.

Depuis que les excursions étaient interdites, depuis qu’il y avait lieu de laisser les fusils au repos, les chasseurs de la colonie avaient été contraints de renoncer à leur exercice de prédilection.