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deux ans de vacances.

des moins vigoureux, ce secours ne serait pas à dédaigner en cas d’agression. D’autre part, il n’y avait pas une heure à perdre, si l’on voulait que tous fussent réunis à French-den avant vingt-quatre heures.

Comme on le pense, il ne pouvait plus être question d’enlever le cerf-volant dans les airs. C’eût été de la dernière imprudence. Ce n’est pas à des navires – s’il en passait au large de l’île – qu’il eût signalé la présence des jeunes colons, c’est à Walston, à ses complices. À ce propos même, Briant jugea convenable de faire abattre le mât de signaux, élevé sur la crête d’Auckland-hill.

Jusqu’au soir, tous restèrent enfermés dans le hall. Kate avait entendu le récit de leurs aventures. L’excellente femme ne pensait plus à elle pour ne penser qu’à eux. S’ils devaient rester ensemble sur l’île Chairman, elle serait leur servante dévouée, elle les soignerait, elle les aimerait comme une mère. Et déjà, aux petits, à Dole, à Costar, elle donnait ce nom caressant de « papooses », par lequel on désigne les babys anglais dans les territoires du Far-West.

Déjà aussi, en souvenir de ses romans de prédilection, Service avait proposé de l’appeler Vendredine – ainsi que Crusoé avait fait de son compagnon, d’impérissable mémoire – puisque c’était précisément un vendredi que Kate était arrivée à French-den.

Et il ajouta :

« Ces malfaiteurs, c’est comme qui dirait les sauvages de Robinson ! Il y a toujours un moment où les sauvages arrivent, et, toujours un moment où l’on en vient à bout ! »

À huit heures, les préparatifs de départ étaient achevés. Moko, dont le dévouement ne reculait devant aucun danger, se réjouissait d’accompagner Briant dans cette expédition.

Tous deux s’embarquèrent, munis de quelques provisions et armés chacun d’un revolver et d’un coutelas. Après avoir dit adieu à leurs camarades, qui ne les virent pas s’éloigner sans un serrement de cœur, ils eurent bientôt disparu au milieu des ombres du Family-lake. Au coucher du soleil, une petite brise s’était levée, qui soufflait