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cela n’avait pas duré. Quant à la jeune fille, elle eut beau dire :

« Réfléchissez, monsieur Dardentor !

— C’est tout réfléchi, ma chère enfant, lui fut-il répondu.

— Vous ne pouvez sacrifier ainsi…

— Je le peux et je le veux, fillette !

— Vous vous repentirez…

— Jamais, fifille à son papa ! »

Et, en fin de compte, Mme  Elissane, femme pratique, ayant compris les avantages de la combinaison, — ce qui n’était pas difficile, — avait du fond du cœur remercié M. Dardentor.

Du reste, les Désirandelle ne se tenaient pas de joie. Quelle grosse dot apporterait Louise à son mari !… Quelle fortune un jour !… Quelle héritière !… Et tout cela pour Agathocle, car, maintenant, ils n’en doutaient pas, leur ami, leur compatriote, Clovis Dardentor, ne pourrait faire autrement que de mettre son influence paternelle au service de ce brave garçon !… Ce devait être sa pensée secrète… et leur fils deviendrait le gendre du riche Perpignanais…

Donc, tout ce monde était d’accord pour revenir à Oran dans le plus court délai. En ce qui concerne Jean Taconnat et Marcel Lornans, voici ce qu’il y avait à dire :

Et, d’abord, le premier, définitivement revenu de ce pays des rêves où l’avait égaré son imagination, s’écria ce matin-là :

« Ma foi, vive le Dardentor, et, puisque ce n’est pas nous qui devenons ses fils, je suis ravi que cette charmante Louise devienne sa fille !… Et toi, Marcel ?… »

Le jeune homme ne répondit pas.

« Mais, reprit Jean Taconnat, est-ce que cela compte au point de vue légal ?…

— Quoi ?…

— Un combat contre des lions…

— Que ce soit contre des bêtes ou contre des hommes, un combat est toujours un combat, et il n’est pas niable que Mlle  Elissane a sauvé M. Dardentor.